mercredi 10 février 2016

L’instant d’après…



Le bruit assourdissant de la déflagration est toujours suivi d’un silence pesant, lourd, omniprésent. Le rouge vif de l’explosion se prolonge en un gris cendre qui bientôt deviendra ce blanc immaculé, celui de la page vierge. 
Après le premier tome vient tout naturellement le second. Tout recommencer, vaste challenge. Mais où puiser la force, la motivation, l’énergie lorsque plus rien ne fait sens ? En un battement d’ailes, tout peut disparaître. Le bonheur laisse place à la tristesse, la joie se fait chagrin, les projets s’éteignent. L’instant d’après, c’est cette période de latence entre deux existences, deux trajectoires diamétralement opposées que la vie vous impose. 

Changer de cap, fermer les yeux, faire un virage à 180 degrés et sauter dans le vide. 

L’instant d’après permet de se préparer à ce nouveau bond dans l’inconnu. 
Le silence est propice à l’introspection, au rassemblement avec soi-même. 
Debout au milieu des décombres je contemple le triste spectacle de ma déflagration. Matériellement, il ne reste rien ou pas grand chose, quelques clichés peut-être, des instantanés brûlés d’une vie qui m’échappe. Des souvenirs vivaces qui ne tarderont pas à s’estomper dans la nuit, jusqu’à ce que la lumière revienne enfin. 

Se taire pour ne pas hurler, se taire pour admirer, se taire pour s’interroger, se taire pour laisser aller, se taire pour lâcher prise et accepter. 

Mon silence étonne parfois, mon silence inquiète souvent, mon silence interroge toujours, mon silence dérange probablement, mais mon silence m’appartient. Il est tout ce qu’il me reste, mon silence… 
Pour vous, inaudible, pour moi bien bruyant, il m’apparaît tumultueux. Comme un cri qui déchire la nuit noire, mon silence terrifie, mais ramène à l’essentiel; il y a de la vie. Parce que ma force réside dans mon silence, parce que ces mots posés sur le papier ne sauraient retranscrire la puissance d’un silence, je m’écrie, m’écris et me tais. Parce qu’on a beau dire, écrire, parler, pleurer, rien ne saurait traduire le vide abyssale, si ce n’est ce silence. 

Mes lèvres se scellent parce qu’il n’y a rien à dire. La désolation ne s’explique pas, elle s’observe. Vacuité de la parole, les mots superflus, inutiles, vains ne me ramènent à rien. Je suis ce rien, ce néant, cette immensité délabrée, ce vaste étendu recouvert de débris. Il ne me reste plus qu’à rassembler ce qui a bien voulu survivre, chérir ce résidu tel un trésor, déblayer et reconstruire sur un terrain vierge, mais chargé d’histoire ; mon histoire, celle d’une vie insensée, insaisissable, impénétrable, à la douleur sourde. 

jeudi 4 février 2016

Où es-tu ?

Voilà presque quinze ans que j’ai découvert ce drôle de personnage illustrant un ouvrage de Marc Lévy et réalisé par Mylène Farmer et instantanément je me suis identifié à ce gosse. Sa mélancolie, son balluchon, son ballon rouge, tout m’a immédiatement fasciné. L’enfant que j’étais et qui sommeille au creux de moi lui ressemble et l’adulte que je suis se vit et se voit ainsi. Je me reconnais il y a trente ans, vingt ans, quinze ans, aujourd’hui… cette sensation indescriptible de l’évidence. Le tiraillement entre la tristesse du visage, l’instabilité du déracinement et la profondeur joyeuse de l’écarlate; je le regarde et il m’émeut. Je souris, je pleure, je vibre. La simplicité du trait, la sincérité de l’intention, tout me touche. Plus que jamais, en ce jour, je me vis ainsi.
J’ai longuement hésité à poser sur le papier la noirceur de ces dix derniers jours. Parce que je ne suis pas seul, parce que je ne veux pas faire souffrir, parce que je ne veux plus souffrir, parce que je ne souhaite pas remuer et entretenir la mélancolie bien qu’elle soit parfois salvatrice. Parce que parfois la vie nous malmène et parce que je me refuse au misérabilisme, à la fatalité, à la victimisation, à la colère ou ne serait-ce qu'à la douleur superflue. Aujourd’hui je redeviens ce petit garçon fragile. J’empoigne mon balluchon, mon ballon rouge et ma mélancolie pour repartir sur le chemin d’une vie que j’ai parfois tant de mal à comprendre. Je fais partie de ces êtres qui ne trouveront de repos qu’au moment du jugement dernier, tout simplement parce que ma quête de sens ne sera atteinte que lorsque je saurai ce qu’il y a de l’autre côté du miroir. J’aime à penser que rien n’arrive par hasard, que tout nous conduit là où nous devons être, quel qu’en soit le prix. Il est donc temps pour moi de redécouvrir la vie avec un regard neuf, enrichi d’une formidable expérience de presque six ans qui aura transcendé mon existence. Parce que des chemins qui se séparent ne constituent pas nécessairement des routes qui jamais ne se croiseront. Parce qu’aujourd’hui la vie me signifie que la suite devra se faire autrement, parce que je garde en mémoire la beauté d’une rencontre, la richesse d’un partage, la complexité de l’amour, la difficulté d’être, la volonté de vivre… 
J’ignore où la vie me mènera, quel est le sens de cette existence richement chaotique, mais ce dont je suis sûr c’est qu’il n’est de sensation plus exaltante que celle de l’amour. 

« Je ressens ce qui nous sépare, me confie au gré du hasard, je vis hors de moi et je pars à mille saisons, mille étoiles… »