mercredi 19 août 2015

A la poursuite du bonheur

« Dès mon enfance la plus tendre, j’ai compris que la clé de voûte de l’existence était le bonheur. Lorsque mes enseignants me demandaient ce que je voulais devenir en tant qu’adulte, je répondais tout simplement « être heureux ». Ils me rétorquaient systématiquement que je n’avais pas compris le sens de leur interrogation et je leur affirmais alors qu’ils n’avaient pas compris le sens de la vie ». Cette traduction libre d’une interview de John Lennon s’applique particulièrement bien à mon histoire et à celles de milliers d’idéalistes. 

Notre société actuelle nous pousse à la réussite. Nous devons sans cesse nous comparer à nos contemporains et surtout être meilleur qu’eux, et ce, dès l’école. Nous devons contraindre notre cerveau à emmagasiner un maximum d’informations dans une période de temps de plus en plus courte, tout simplement parce que le contrôle de nos connaissances se trouve standardisé. Notre cerveau n’étant pas équipé pour retenir une telle somme d’information, ce processus a donc pour effet pervers de nous obliger à effacer un grand nombre de ces connaissances pour laisser place à de nouvelles.

Dès le collège, on nous incite à planifier notre entière existence : quelle formation choisir, pour quel métier, vers quelle université se tourner ? Ces questions ponctuent le quotidien de tout adulte en devenir, des conseillers d’orientation en passant par tous les membres de la famille. Personnellement, j’ignore ce que je vais bien pouvoir faire ce week-end, alors vous dire où je serai dans quatre, huit ou dix ans… Mes choix de carrière changent d’un mois sur l’autre. J’aimerais être photographe, puis danseur ou peut-être écrivain et certains jours lorsque j’ai le sentiment d’aller nulle part, je suis prêt à transiger pour n’importe quel job alimentaire. Je n’ai absolument aucune idée de ce que je peux faire de ma vie et j’ai la certitude que je ne suis pas le seul à éprouver ce sentiment. 
Le problème vient du fait que l’on enseigne à nos enfants à faire quelque chose, alors que l’on devrait leur apprendre à être quelqu’un. Plutôt que de vendre à tous ces enfants, le succès comme modèle de réussite et de pouvoir, si on leur apprenait tout simplement à être heureux. Transmettons leur l’amour de leur métier, incitons les à exercer une activité qui leur procure du bonheur jour après jour. 

Il m’a fallu trente deux années pour rencontrer quelqu’un qui change irrémédiablement le cours de mon existence. N’est-ce pas du temps de perdu ? Et si, en plus de tout ce qu’on enseigne à l’école ou dans la vie, on apprenait aux plus jeunes des choses réellement utiles, des leçons de vie. Des tuyaux pour bien réussir un entretien d’embauche, comment sortir de sa zone de confort ou reconnaître les premiers signes d’un rencard désastreux. Ce sont généralement des choses que l’on apprend seul, de la manière forte. Et si on expliquait à ces enfants, que plus tard, il devrait faire quelque chose qu’ils aiment, qui les passionne s’ils ne veulent pas prendre le risque de gâcher leur temps et ne jamais se réaliser personnellement.

Peut-être en sortiraient-ils grandis, avec une perspective différente de leur avenir. Peut-être comprendraient-ils alors que que ce n’est pas le métier qu’ils exercent qui compte, mais bien les émotions qui en sont inhérentes. C’est le bien-être que l’on ressent qui doit être le moteur véritable de l’exécution de notre tâche et non le contraire. Toutes ces personnes exécrables que nous n’avons d’autre choix que de subir sur notre lieu de travail, ne seraient-elles pas tout simplement de grands malheureux auxquels on n’a jamais expliqué qu’ils étaient libres de choisir ce qu’ils veulent faire de leur vie ?


Nous devrions faire ce que nous aimons, aimer ce que nous faisons, mener sans relâche cette quête du bonheur conformément à l’acception personnelle que nous conférons à la notion de « réussite ».